Le développement durable est une expression à la mode. En effet, réchauffement climatique, catastrophes naturelles, pics de pollution, etc. mettent cette notion à l’avant scène de l’actualité. Mais attention à veiller à ce que cela reste durable et que ce ne soit justement pas un effet de mode, éphémère par définition. Dans l’inconscient général, on assimile, à tort, le développement durable à l’écologie. Et par analogie politique, aux partis « des verts ».
Mais est-ce réellement vrai ?
La définition même du développement durable proposée par la Commission mondiale sur l’environnement et le développement (1) ne fait aucunement allusion à cette notion d’écologie:
« un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. »
Cette définition va donc très loin, plus loin que le simple concept d’écologie ou de défense de l’environnement, qui en font bien entendu partie. Mais celle-ci fait aussi implicitement allusion à des notions telles que le développement économique, la lutte contre la pauvreté, le commerce équitable, la progression démographique mondiale, l’intérêt public, etc.
Le graphique ci-dessous donne une bonne vision du développement durable et peut être transposé à la politique.
On y voit donc les 3 grands piliers du développement durable: écologique, social et économique. On peut aussi constater qu’ils correspondent à trois grands courants politiques (les couleurs d’origine du graphique sont d’ailleurs éloquentes elles aussi). Et qu’y voit-on encore ? Que le durable se trouve à l’intersection des trois courants.
Ceci montre clairement que le développement durable n’est pas l’apanage des partis écologistes mais bien une préoccupation qui doit être partagée par toutes les tendances. Aucun parti politique ne peut dès lors ignorer cet aspect dans son programme. Et j’irais même plus loin: le développement durable devrait être la colonne vertébrale de chaque programme dans tous les aspects qu’il couvre. Y compris dans celui des partis dont la conviction principale est centrée sur une religion (en Belgique: CD&V et cdH).
Par contre, s’il est un courant qui va complètement à contre-courant du développement durable, c’est bien le nationalisme. Le repli sur soi est en effet aux antipodes de la diversité culturelle qui elle est définie, par l’Unesco, comme « un ressort fondamental du développement durable des communautés, des peuples et des nations « . Une garantie de la pérénité culturelle comme l’écologie est garante de la pérénité des ressources naturelles. La culture est d’ailleurs en passe de devenir le quatrième pilier du modèle décrit ci-dessus. Avec l’Unesco comme garant de sa préservation.
La transmission de génération à génération de tous les patrimoines terrestres doit être un moteur. Mais pour que ce moteur puisse continuer à tourner, il faut en prendre soin et l’entretenir: il faut veiller à ce que les ressources ne disparaissent pas. Nous devons donc réapprendre à satisfaire nos besoins primaires (se nourrir, se déplacer, se loger, travailler p.ex.) via des ressources durables ou en tout cas en permettant aux ressources non-durables de se renouveller.
Apprendre ces « gestes qui sauveront » et les initier ne sont pas que de la responsabilité du politique même s’il a beaucoup d’incitants en main. Tous sont concernés: les entreprises dans leurs choix d’investissements, l’industrie dans ses modes de fonctionnement ainsi que vous et moi dans nos choix quotidiens.
Je terminerai avec ce proverbe amérindien, repris par A. de Saint Exupéry dans « Terre des Hommes »:
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On n’hérite pas de la terre de nos ancêtres, on l’emprunte à nos enfants.
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(1) IN « Notre avenir à tous », chap. 2, 1ère partie. (rapport « Brundtland » présenté à l’Assemblée nationale des Nations unies en 1986
(2) Schéma du développement durable présenté et diffusé par A. Villain (Géologue), en 1993, lors d’une réunion sur le développement durable à la communauté urbaine de Lille, l’idée originale semble venir d’un bureau d’étude nommé Re-source. Il reprend les grands thèmes développés lors de la préparation de la conférence mondiale de Rio (juin 1992). Source : Site UVED (Université virtuelle environnement et Développement durable