Même si le Collège communal n’a pas saisi le Conseil consultatif sur un dossier aussi important concernant le commerce dans notre Ville, j’ai décidé de lancer le débat avec le Conseil, en ouvrant les discussions aux citoyens et aux commerçants de LLN.
C’est donc suite à plusieurs réunion que nous avons fait part au Collège d’un avis circonstancié sur cette extension qui, pour rappel, augmentera l’actuelle Esplanade de 18.000 m², soit environ 160 nouveaux magasins.
Bien entendu, cet avis est un avis collectif. Il ne représente pas que mon unique sentiment par rapport à ce projet d’envergure. Il s’agit donc de l’avis commun et partagé par tous les participants à ces réunions.
Et si je peux y aller de mon simple avis, je ne suis pas spécialement contre la progression du commerce. Ce qui m’inquiète dans ce dossier, c’est le sort réservé aux petits commerçants des alentours qui, même si beaucoup tente de le dire, ne bénéficieront pas tant que cela de cette extension tant le projet ne semble pas être poreux vers l’extérieur. Et c’est bien « normal », le promoteur a plus intérêt à garder le chaland à l’intérieur de sa galerie…
De plus, quitte à agrandir la capacité, je trouve dommage de ne pas avoir fait la place aux productions locales, aux commerçants « du coin », aux magasins « qu’on ne trouve pas encore ailleurs dans les alentours » mais d’avoir réservé une grande superficie aux grandes enseignes multinationales. Étrange aussi qu’une Ville dirigée par une coalition « Olivier » laisse ce genre de chose aller comme le promoteur le souhaite sans négocier la moindre ligne… Pour moi, le Collège a manqué de courage, trop content que le promoteur ne fasse une partie de boulot à leur place avec des aménagements aux abords de la future gare RER.
Vous pouvez retrouver le texte d’avis en cliquant ici
En voici les points principaux:
– LLN, ville en transition, laboratoire social et urbanistique depuis sa création, mériterait un projet qui emprunte une autre voie, qui mettrait en valeur ce qui n’existe pas ailleurs.
– L’offre prévue dans cette extension ne correspondra que peu à la demande. De grandes enseignes à prix moyens voire bas ne cadrent pas avec le profil des habitants des nouveaux immeubles de standing construits ou en construction.
– Le Conseil craint aussi pour la durabilité du projet. Avec l’essor de la vente en ligne, il est nécessaire de prévoir à plus long terme pour éviter un chancre comme on en croise déjà aux Etats Unis. D’autant plus que l’avantage d’avoir une galerie commerçante en plein centre-ville pourrait dans le cadre d’un chancre devenir un réel inconvénient…
– Il y a aussi un réel risque pour les commerçants de proximité qui occupent les rues du centre de voir les chalands « confinés » à l’intérieur de la galerie pour ne quasi plus en sortir. En effet, ce genre de centre commercial a tout intérêt à créer la rétention du chaland en son sein.
Comme pistes de réflexion, le Conseil en identifie déjà quelques-unes :
– assurer une porosité vers les rues commerçantes du centre de LLN et « désenclaver » la gare afin que les navetteurs sortent aussi par le centre-ville plutôt que par le centre commercial. Prévoir des commerces de la galerie accessible aussi via l’extérieur pour créer des flux sortant autres que les entrées principales.
– prévoir une modularité architecturale du projet afin de pouvoir sans grandes transformations le réhabiliter en autre chose que du commerce (comme un centre de congrès, des locaux communautaires, des salles d’expo ou destinées à la culture, des bureaux, des locaux de cours, …)
– même si la Ville ne dispose pas de beaucoup de moyens légaux, nous l’invitons à rédiger des charges d’urbanisme de manière intelligente de façon à ce que chacun, et pas que les promoteurs, s’y retrouvent. Notamment pour garantir la porosité, le désenclavement de la gare, la modularité architecturale, etc.
Il s’interroge aussi :
– Que va mettre en place la Ville afin d’aider les commerçants des rues avoisinantes ? Afin d’intégrer une surface commerciale de plus grande importance, les petits commerces vont devoir entamer une transition dans la manière de faire du commerce. La Ville peut-elle les accompagner dans ces changements ?
– La Ville va-t-elle réellement tenter d’ouvrir un dialogue constructif avec les promoteurs en essayer de trouver une situation win-win pour tous ?
– Enfin il est étrange que la majorité communale, si encline à mettre l’éthique en avant, accepte sans broncher ces enseignes qui délocalisent, font travailler des enfants dans des conditions indécentes, procurent des emplois précaires, etc. Même si elle ne dispose pas de moyens légaux, un dialogue appuyé avec le promoteur aurait été possible avant de tout accepter sans broncher.
– Le Conseil a aussi contacté le Conseil consultatif Mobilité afin que celui-ci étudie aussi l’impact de cette extension ainsi que la problématique du prix des parkings qui pénalise clairement les petits commerces.
Le Conseil comprend bien que l’acceptation d’un tel projet par la Ville est aussi un acte de défense face aux différents projets qui fleurissent aux alentours. Cependant, ce n’est pas pour cela que ces projets ne verront pas le jour et le risque de dilution des chalands est bien réel.
Le Conseil trouve aussi que cette extension, telle que conçue, n’apportera rien aux citoyens de Louvain-la-Neuve…